ESTP/IDRRIM - Demi-journée de formation sur l'acculturation à l'innovation

JANVIER 2016
Événements IDRRIM

Le 21 janvier 2016, l'ESTP organisait avec l'IDRRIM une demi-journée de formation à destination des élèves de dernière année sur le thème de l'acculturation à l'innovation.

Cette formation constituait l'aboutissement d'une des 21 propositions faites par l'IDRRIM dans son rapport sur le soutien à l'innovation et consistait à donner aux jeunes étudiants quelques éclairages politiques et techniques sur le thème de l'innovation.

Après un discours d'accueil de Mme Florence Darmon, directrice de l'école, et la présentation du contexte de la formation dans le cadre de l'IDRRIM par Marc Tassone, la soixantaine d'étudiants présents, a pu écouter la conférence du sénateur de l'Essonne Michel Berson, membre de la commission des finances, où il est le rapporteur spécial du budget de la recherche. Il a tout d'abord planté le décor en expliquant que nous n'étions pas dans une période de crise, mais à l'aube d'une révolution comme l'humanité en a connu approximativement tous les 3 siècles. Ainsi après la révolution liée à la découverte de l'imprimerie à l'époque de la Renaissance au 15°, puis la révolution industrielle du 18° avec l'arrivée de la machine à vapeur, nous sommes aujourd'hui non pas devant « une » nouvelle révolution mais face à quatre en même temps, interconnectées : les NBIC pour « nano, bio, info, cogno ».

C'est la première fois qu'une telle situation se présente à l'humanité qui doit faire face à un changement de paradigme inédit, moteur de bouleversements de la société extraordinaires, dont on ne mesure pas encore les répercussions.

Michel Berson a ensuite brossé un tableau réaliste de la situation de la France dont la recherche est un atout (6° place dans le monde), mais qui n'arrive pas à se hisser au meilleur niveau en ce qui concerne l'innovation puisqu'elle est à peine 10° en Europe, et seulement 16° sur le plan mondial. Le transfert de technologie est probablement le maillon faible du système avec des entreprises qui ont du mal à croître et à prospérer des produits de leur recherche, et deviennent des proies faciles pour les entreprises étrangères.

Il a conclu son propos en demi-teinte.

Tout d'abord de façon positive : l'Etat a pris la mesure des enjeux (création de la BPI, doublement du CIR, utilisation amplifiée de l'enseignement, notamment pour réapprendre le risque, et le progrès lié à l'échec), citant le président de la République « le monde change à une vitesse vertigineuse... l'innovation est la clé de tout, dans tous les domaines ».

Mme Florence Darmon, directrice de l'ESTP

M. Marc Tassone, Directeur général de l'IDRRIM

Mme Anne Dony, ESTP enseignante chercheuse

M. Philippe Raffin, Colas

M. Michel Berson, Sénateur de l'Essonne

Mais aussi de façon moins enthousiaste en constatant une réelle crise de confiance dans notre pays, avec une société à l'arrêt, refusant les expérimentations (gaz de schistes, OGM, ondes électromagnétiques, solutions pour les déchets radioactifs...) alors que la recherche ne présente que très peu de risques si elle est encadrée, refusant ensuite les réelles prises de risques (demande d'inscription dans la constitution du principe de précaution... au lieu du principe d'innovation), créant ainsi d'énormes handicaps au progrès en France par rapport à nos voisins.

Il a rappelé pour terminer le slogan de l'exposition universelle de Paris en 1900 : « le progrès est la lumière des nations » et a encouragé les étudiants à avoir un comportement le plus actif possible en ce sens dans leur futur emploi, quel qu'il soit.

La matinée s'est ensuite poursuivie par une intervention de Philippe Raffin, directeur technique de COLAS, qui a permis, sur un exemple concret, de faire toute la lumière sur le processus d'innovation au sein d'un grand groupe. A partir des notions indissociables de TRL, Technical Research Level, et de BRL, Business Research Level, Philippe Raffin a démontré par l'exemple que le plus haut niveau de ces deux indicateurs était indispensable pour garantir à l'entreprise un succès commercial. Dans l'exemple présenté, véritable cas d'école, les performances techniques étaient réellement très au-dessus des standards, ce qui aurait pu être considéré comme un succès, mais le projet s'était transformé en échec faute de débouchés commerciaux probants.

La session s'est ensuite transformée en « concours d'innovations » pour les étudiants. Réunis en 9 groupes ils ont du se creuser les méninges pour présenter aux jurys en moins d'une heure trente, un « pitch » de 7' appuyé sur un powerpoint et une présentation collégiale. Trois thématiques étaient proposées : le BIM (maquette numérique), la route connectée, et la route à énergie positive.

Le degré d'inventivité des jeunes étudiants s'est révélé nettement au-dessus des attentes et l'équipe gagnante a proposé un nouveau matériau de chaussée libérant de l'énergie par un processus chimique. Bien sûr le concept devra rentrer dans le circuit recherche mais l'idée et la présentation étaient séduisantes.

En conclusion une initiative IDRRIM - ESTP pertinente, et une formation réussie pour l'ESTP.